Marquée par l’onde de choc provoquée par la propagation du Covid-19 à l’échelle planétaire, l’économie tunisienne a subi de plein fouet le poids des incertitudes et des mesures de confinement sur les activités des entreprises et les secteurs vitaux. En l’absence d’une vision claire et cohérente, les entreprises et les institutions économiques et financières ont réagi au gré des interprétations des nouvelles, entremêlant peur et reprise de confiance.
Partant du constat que 2020 était, dans son ensemble, une année très particulière, voire une année de choc, les acteurs économiques relèvent que la pandémie du Covid-19 a renforcé les incertitudes quant à la capacité d’un redressement économique sur le court terme.
La plupart des indicateurs disponibles sont en rouge jusqu’à fin 2020. Le PIB en recul de 6% par rapport à 2019, le chômage monte à 18% de la population active, l’investissement est à la baisse, les exportations de biens accusent une contraction de 16.6 % pour les 9 premiers mois ainsi que du budget de l’Etat dont le déficit a augmenté à fin juillet 2020 de 85% par rapport à la même période de 2019.
De même, une baisse significative du déficit courant de la balance des paiements s’élève à 1.100 millions de dinars durant les 8 mois de 2020 concomitamment à une augmentation significative des réserves de change de plus de 3 milliards de dinars.
Pour les 10 premiers mois de l’année 2020, le déficit commercial a atteint 10.780 MD, soit un taux de couverture de 74.4%. Les intentions d’investissement sont en hausse de 4% pour l’industrie et de 6.5% pour les services aux termes des 9 premiers mois de l’année 2020. En novembre 2020, une baisse notable du taux d’inflation a été enregistrée aux alentours de 4,9% en glissement annuel, contre 5,4% le mois précédent et 6,5% au cours du même mois de l’année précédente. « Cette évolution est attribuée à la détente enregistrée au niveau des prix de tous les produits, notamment alimentaires (4,3% contre 5,6% en octobre dernier) ».
Le mois d’octobre a connu une légère amélioration du taux de change du dinar tunisien face à l’euro et au dollar par rapport au mois de septembre et la BCT a revu à la baisse le taux directeur à 6.25% et le taux du marché monétaire à 6.3%.
De nouvelles craintes
Avec la détérioration de la situation sanitaire mondiale et nationale, en relation avec la propagation rapide de la pandémie du Covid-19 dans sa seconde vague, outre l’émergence d’une nouvelle souche du coronavirus, — ce qui a suscité de nouveau les craintes quant à la possibilité de contenir la pandémie et d’en maîtriser les répercussions sur les perspectives de l’économie mondiale —, la BCT a souligné qu’en dépit des signes d’une reprise progressive après la levée du confinement sanitaire, « l’activité économique continue de subir les effets de la pandémie sur la demande intérieure et extérieure, au vu des restrictions imposées de nouveau par les principaux pays partenaires, ce qui entrave le redressement des secteurs industriels orientés à l’exportation et du secteur des services, en particulier le tourisme et le transport aérien, outre les fluctuations de la production des industries extractives en relation avec le climat prévalant sur le plan intérieur ».
S’agissant du secteur extérieur, une importante régression du déficit de la balance des paiements courants au cours des onze premiers mois de 2020 a été enregistrée pour revenir à 6,2% du PIB, contre 7,9% durant la même période de l’année précédente. « Ce résultat est imputable principalement à la contraction du déficit commercial, suite à la baisse des importations à un rythme plus accéléré que les exportations, en relation notamment avec le fléchissement de la demande intérieure et le ralentissement de l’activité économique, s’ajoutant au fléchissement du déficit de la balance énergétique sous l’effet de la diminution de la demande de ces produits et de la baisse de leurs prix sur le marché international ».
La BCT indique que la réalisation d’un bon niveau des revenus du travail (+7%) a permis de couvrir une partie du déficit, malgré la forte baisse des recettes touristiques de 63,9%. « Cette situation a contribué à la consolidation du niveau des avoirs nets en devises qui ont atteint 22.924 MDT ou 160 jours d’importation au 29 décembre 2020 contre 19.125 MDT et 108 jours d’importation à la même date de l’année précédente ».
Accroître la visibilité des opérateurs économique
Eu égard à la situation économique délicate et difficile que traverse le pays, la BCT estime qu’il est devenu indispensable de promouvoir le cadre approprié à la relance de l’économie, d’accroître la visibilité des opérateurs économiques et d’améliorer le climat pour stimuler l’investissement national et étranger, principal moteur de la croissance et de l’emploi. Elle a insisté sur l’impératif d’accélérer la concrétisation des réformes structurelles afin de stabiliser les équilibres macroéconomiques.
Compte tenu des retombées de la crise sanitaire sur les entreprises et les professionnels dans de nombreux secteurs, et dans le soucis de garantir l’harmonie entre les décisions de la Banque centrale et la LF 2021, la BCT a décidé, fin décembre 2020, de prolonger la période de report des échéances de crédits accordés jusqu’à fin septembre 2021, avec la prorogation de la durée maximale d’octroi des financements exceptionnels stipulée par l’article 1 de la circulaire de la Banque centrale de Tunisie N° 2020-12, jusqu’à fin décembre 2021, et ce, outre l’octroi aux banques la possibilité d’accorder ces financements aux entreprises non-résidentes établies en Tunisie.
La période de Covid-19 a poussé les dirigeants d’entreprises à repenser leur business model et réfléchir à mettre en place de nouveaux moyens de résistance à la crise.
S’aligner à la conjoncture
La relance économique post-Covid, en Tunisie, doit toucher, en premier lieu, l’entreprise quelle que que soit sa taille, via un plan de sauvetage afin d’éviter les risques qui peuvent survenir. La finalité étant d’aider les entreprises à être un acteur du changement, d’être disruptives mais surtout de développer leurs capacités de production, répondre aux besoins du marché, préserver son capital clients et devancer les concurrents. Agilité, adaptation et flexibilité sont donc les trois principales clés pour s’aligner à cette conjoncture et traverser cette phase difficile.
Toutes les entreprises cherchent actuellement la recette idéale pour sortir de la crise sanitaire avec le minimum de dégâts, à la fois financiers et humains. La période du déconfinement était une occasion pour redresser les failles et corriger certaines irrégularités managériales. En effet, les dégâts actuels sont inquiétants et la vision du futur environnement économique n’est pas claire.
Les entreprises sont appelées à préparer des PCA (Plans de continuité d’activité) avec plusieurs scénarios pour affronter les situations de crise et les enjeux de continuité d’activité. Car le fait de réaliser des simulations de crises dynamiques et opérationnelles s’avère indispensable et le retour à la normalité, à court terme, ne peut être assuré.